L’espoir est un concept fondamental de la psychologie positive qui a été peu utilisé en situation professionnelle. C.R.Snyder (1991) a conceptualisé l’espoir comme un processus cognitif reposant sur trois facteurs principaux: les buts, l’agentivité et les voies (moyens). Trois études conduites par Juntunen et Wettersten(2006), ont montré l’intérêt d’utiliser une échelle de l’espoir professionnel pour accompagner des populations en difficulté économique.

Etant donne le lien étroit entre la satisfaction au travail et la satisfaction dans la vie en général (Robitschek, 2003), les auteures recommandent aux conseillers en orientation de s’intéresser à la théorie de l’espoir appliquée à la carrière. Les recherches conduites ont notamment permis d’éclairer les motivations au travail des personnes marginalisées professionnellement ainsi que d’identifier les leviers de l’espoir pour trouver un emploi.

« Si tu as un pied dans l’avenir et l’autre dans le passé, tu pisses sur le présent. » dixit un toxicomane au professeur Alex Wood

Par exemple, le psychologue du travail ou le coach professionnel pourrait évaluer la présence ou l’absence d’objectifs de travail, la réelle volonté de poursuivre ces objectifs (agentivité) et les voies spécifiques que le client envisage pour atteindre ces objectifs. Une telle approche impliquerait une stratégie plus riche pour éclairer la compréhension des réelles motivations du client. Notamment, certains pourront tirer avantage d’un éclairage sur leur capacité à attendre un but tandis que d’autres auront intérêt à se concentrer sur leur volonté et le maintien de leur engagement vers leur objectif.

Dans les populations en situation précaire, nombreux sont les obstacles pour réussir professionnellement (problèmes de santé, de logement, de mobilité, de soutien pour gérer les enfants, etc.), une approche cognitive de l’espoir va permettre de mieux saisir l’effectivité de ces obstacles de vie sur l’employabilité et le maintien dans l’emploi. C’est une approche qui ouvre la voie pour une stratégie radicalement « positive » en début d’accompagnement.

L’utilisation d’un instrument d’évaluation de l’espoir professionnel a plusieurs avantages pour les conseillers. Tout d’abord, il permet aux conseillers de parler avec les clients de l’espoir sur les plans cognitifs et motivationnel plutôt que de reposer uniquement sur les affects. Deuxièmement, comme c’est le cas pour d’autres facteurs professionnels critiques, tels que les centre d’intérêts et les valeurs, un tel instrument permet au praticien de découvrir ce que le client vit au-delà de sa réponse à la seule question : « Est-ce que tu penses pouvoir atteindre cet objectif ? ».

Enfin, la mesure de l’espoir professionnel peut déclencher une discussion significative avec le client sur la façon dont l’espoir joue un rôle dans sa vie, permettant peut-être une intégration plus efficace des problèmes émotionnels lors de la séance de travail. Si les attendus d’une mesure de l’espoir professionnel concernent bien entendu les attentes individuelles, la théorie de l’espoir peut s’avérer aussi utile pour éclairer des situations collectives de populations dominées par des contraintes extérieures (politique, climatique) comme c’est le cas par exemple des migrants poussés à quitter leur pays. Il y a là un enjeu considérable pour les sociétés d’accueil dans les années qui viennent tant sur le plan de la recherche que sur celui des dispositifs d’intégration des population émigrées.

Cindy L.Juntunen et Kara Brita Wettersten

Université du Dakota du Nord